#14 POSE DE L'UNIFORME

Il entendit soudainement une voix robotique : "Bonjour, veuillez vous déshabiller entièrement et déposer vos vêtements dans le tiroir prévu à cet effet." Simultanément, un petit pavé de la face avant de la cabine coulissa et laissa apparaître un compartiment. La cabine, de taille moyenne, lui permettait de se déshabiller plutôt aisément ; il déposa ses vêtements dans le tiroir comme indiqué tout en se demandant si il était censé appuyer sur un bouton pour passer à l'étape suivante mais à peine eut-il le temps de se questionner que la voix reprit : "Attention, début de la décontamination dans 10 secondes." Il y eut un compte à rebours et brusquement des puissants jets d'eau chaude l'attaquèrent tout le corps. L'eau était bouillante et, surpris par l'extrême violence de cette étape, il essayait avec difficultés de trouver un espace d'air libre pour reprendre sa respiration. Il ouvrit les yeux avec précaution, sa peau rougissait sous la chaleur. Il avala sans le vouloir quelques filets d'eau et sentit un goût très acide qu'il attribuait aux produits désinfectants que la cabine devait utiliser. En revanche, il ne sentait aucune odeur particulière. Cette expérience considérablement déplaisante dura plusieurs longues minutes, il attendit patiemment en essayant de se décrisper malgré la chaleur et la pression de l'eau.

Au bout de ces quelques minutes quatre rectangles de taille moyenne maintenus par des fins bras robotiques se détachèrent des faces de la cabine et se rapprochèrent mécaniquement de lui pour s'arrêter à quelques centimètres de sa peau. Après un court temps mort, les rectangles se mirent à tourbillonner rapidement tels des ventilateurs miniatures produisant des courants d'air chaud et le débarassant des dernières gouttes d'eau qui dégoulinaient sur son corps. Ils tournaient non seulement sur eux mêmes mais aussi autour de lui et il se voyait là, nu, à attendre que le robot finisse, comme une voiture à une station de lavage. Cette phase dura une trentaine de seconde, puis les bras semblèrent se repositionner face à son ventre, son dos et ses côtes, ils se mirent à avancer vers lui de nouveau avec une lenteur angoissante et il fut bientôt surpris par le contact froid des bras robotiques sur sa peau. Les bras continuèrent d'avancer, il sentait une forte pression de la cabine sur son corps et lorsqu'ils s'arrétèrent il était obligé de contracter ses muscles pour ne pas souffrir. "Pose de l'uniforme" annonça la voix. Un liquide visqueux froid, blanc et inodore sortit de petites fentes disposées au bout des rectangles qui le maintenaient et il se retrouva recouvert depuis le bas de son cou jusqu'aux pieds d'une fine couche de cette substance méconnue. Elle semblait agir comme un plâtre, il la sentait se solidifier contre sa peau peu à peu. Les bras robotiques se rétractèrent délicatement, il examina avec attention son corpsà présent recouvert d'un film extrêment fin de cette matière blanche, qui épousait parfaitement sa silhouette. Pendant qu'il s'observait, la cabine avait repris sa disposition initiale, et la porte par laquelle il était rentré était de nouveau ouverte.